Plusieurs patientes avec fistules ont été réparées à l’Hôpital Général de Référence de Lwiza, province du Kasaï Central, lors de la campagne de réparation gratuite qui y a été menée par l’équipe d’uro-gynécologie de l’Hôpital Tertiaire HEAL Africa conduite par Dr Justin Paluku en Octobre-Novembre 2021. Principalement venues des 5 zones de santé que compte le territoire de Lwiza, ces femmes ont en commun l’accouchement comme cause des fistules qu’elles ont portées des années durant.
Pour maintes raisons, il s’observe encore, dans plusieurs régions de la RDC et particulièrement dans l’Espace Kasaï, des accouchements à domicile. « C’est à l’âge de 17 ans que j’ai accouché pour la première fois, et l’expérience m’a enlevé toute envie d’être mère. J’ai accouché à domicile » , s’est remémoré Nama, une jeune femme qui a eu sa fistule réparée avec succès à l’HGR de Lwiza lors de cette campagne. Assistée simplement de deux femmes les plus âgées de son village pour son accouchement, Nama a fait face à un écoulement incontrôlé des urines qui a changé le cours de sa vie vers ce qu’elle a désigné comme étant « un avenir incertain ».
Elles sont nombreuses ces femmes qui, dans l’Espace Kasaï, accouchent soit à domicile soit dans des structures de santé ne disposant pas d’un personnel suffisamment outillé pour la prise en charge adéquate des accouchements difficiles.
Le délabrement avancé des infrastructures routières rend la tâche de donner la vie encore plus rude pour la femme du Kasaï Central. Parfois, elle doit parcourir plusieurs dizaines de kilomètres à pieds sur des sentiers non entretenus, pour pouvoir accoucher dans une formation sanitaire la plus proche. De même, les patientes avec fistules doivent marcher sur plusieurs kilomètres pour pouvoir atteindre une structure sanitaire dans laquelle leurs cas peuvent être soignés : « Cela m’a pris deux jours, à pieds, pour atteindre la Commune Rurale de Lwiza afin d’avoir ma fistule réparée. Guérie, je ne trouve rien de suffisamment fort pour exprimer mes remerciements » , a déclaré M. Honorine, à sa sortie d’hôpital.
Honorine réserve sa guérison comme une surprise à son mari parti en Angola à la recherche de moyens afin d’amener un jour son épouse aux soins pour soigner sa fistule, nous a-t-elle confié. « Vivant de l’agriculture, ma petite famille ne pouvait pas réunir assez de moyens pour supporter mes soins et les frais de voyage y relatifs. Mon mari a donc dû partir dans le pays voisin, l’Angola, dans l’espoir de réunir plus d’argent pour ma prise en charge » .
Nombreuses femmes ont eu leurs fistules réparées à l’HGR de Lwiza à l’issue de la campagne. Cependant, il faut noter qu’une sensibilisation soutenue au niveau communautaire contribuerait à réduire sensiblement les cas des fistules obstétricales dans l’Espace Kasaï. La formation continue du personnel médical local et l’équipement des structures médicales permettrait également de rendre disponibles des soins de proximité adéquats pour ces nobles dames et, ainsi, réduire tant soit peu leur susceptibilité à développer des fistules.