2021-07-05 | Dr Justin PALUKU LUSSY
Le 05 Juin 2021, une campagne de chirurgie mobile pour femmes a été lancée par la clinique mobile d’uro-gynécologie de HEAL Africa, à l’Hôpital Général de Référence de Beni. Les bénéficiaires sont les femmes avec fistules, prolapsus génitaux, déchirures du périnée, éventration, et bien d’autres complications gynécologiques.
Plus de 150 actes chirurgicaux ont été posés durant la campagne. Elles présentaient des problèmes de santé divers, avec certains cas d’une gravite alarmante. Leur bravoure est grande, ces courageuses femmes qui ont su tenir face aux limitations majeures que leur ont causées ces pathologies handicapantes dont elles étaient porteuses.
La plupart des patientes reçues en consultation partagent une histoire commune liée au contexte d’insécurité et déplacement massif des populations qui marque les territoires qui constituent le bloc « Grand Nord », au Nord-Kivu. « En déplacement depuis plus de deux ans, je n’ai pas pu réunir assez d’argent pour accoucher dans une structure appropriée, et cela m’a valu une fistule » , s’est confiée Kaswera, déplacée d’un village situé à environ 57 km de la ville de Beni.
Quant à Kasoki, elle était étendue sur la table d’opération pour une césarienne lorsque des assaillants identifiés aux rebelles ADF ont attaqué son village. Le personnel médical qui l’assistait lui avait recousu l’abdomen dans la précipitation pour pouvoir, à leur tour, échapper aux tueurs. « Une masse inquiétante a commencé à se développer sur mon ventre environ six mois après, résultant du fait que la plaie n’avait pas été bien refermée après l’opération subie » .
« Ma santé restaurée, je nage dans le bonheur »
A 19 ans d’âge, Ange a accouché dans la brousse où elle s’était réfugiée avec sa famille et certains habitants de son village après une attaque sanglante, en 2017. Sans autre assistance que celle des personnes de sa petite communauté, cette expérience lui a valu une large fistule recto-vaginale. Luisant de bonheur à sa sortie d’hôpital elle a déclaré,
« libérée de l’objet de mon plus grand tourment, je me sens comme dans un nouveau corps. »
Rosa est une autre bénéficiaire qui venait de passer 32 ans sous les affres d’une large déchirure du périnée. Réparée a trois reprises sans succès, elle s’était résignée à vivre avec sa maladie, tellement elle avait perdu le moindre espoir de guérison. C’est juste par formalité qu’elle a accepté de se rendre à l’HGR Beni pour la réparation de sa pathologie.
« La plaie lâchait juste trois jours après chaque tentative de réparation » , a-t-elle déclaré avant d’ajouter,
je n’étais pas sûre d’être vraiment guérie lorsque l’équipe médicale venue de HEAL Africa de GOMA, avec à sa tête Dr Justin Paluku, m’a dit que je pouvais me remettre debout, marcher, et reprendre ma vie en mains. Cela fait des semaines que ma plaie n’a pas lâché, et que mes douleurs disparaissent graduellement. Je trouve toute forme de remerciement trop faible pour exprimer ma gratitude » .
Venues de Kongolo (au Katanga), de Bafwasende (province de l’Ituri), de la province du Maniema, etc., les femmes réparées durant cette campagne à Beni avaient trop attendu vu que le contexte sanitaire longtemps marqué par l’épidémie d’Ebola suivie de la pandémie de Covid-19 avait limité les mouvements des soignants, ainsi plaçant en attente les campagnes médicales prévues. Elles sont venues de quasiment les 4 coins de la RD Congo, ces femmes qui ont été soignées par HEAL Africa à l’HGR Beni grâce à l’appui financier de la
Banque Mondiale à travers le Fonds Social de la République Démocratique du Congo (FSRDC).