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Province de Kwilu : libérées de leurs fistules, une centaine de femmes retrouvent le sourire
2021-02-08 | Dr Justin PALUKU LUSSY

Province de Kwilu : libérées de leurs fistules, une centaine de femmes retrouvent le sourire

Dimanche 25 Mai 2020, la Clinique Mobile d’uro-gynécologie de l’hôpital HEAL Africa atterrît à Kinshasa, en transit vers la province de Kwilu où une campagne de réparation gratuite des fistules est prévue. L’équipe d’avance y a formé, une semaine avant, une formation des professionnels locaux de la santé devant prendre part à la campagne. 150 soignants ont été renforcés en matière de prise en charge et gestion post-opératoire d’une fistule obstétricale, prévention et contrôle de l’infection en milieu hospitalier, cela du 22 au 23/10/2020.


Une intervention réparatrice dans un contexte aux défis majeurs


Au mois de Mars 2020, la déclaration de l’Etat d’urgence enclenchant le confinement de la ville de Kinshasa des suites de la pandémie à coronavirus a entravé la campagne de réparation des fistules prévue en province de Kwilu, Hôpital Général de Référence Anne-Marie Verwilghen de Yasa-Bonga –HGR AMV. Les patientes qui attendaient déjà à l’hôpital n’ont pas eu d’autre choix que de retourner dans leurs villages respectifs, les plus proches étant à environ 55 kilomètres de Yasa.

« Après 11 ans de maints tourments sous les affres de ma fistule, je n’étais pas prête à abandonner même après que la campagne venait d’être reportée » , laisse entendre Anne, une patiente du village Kenge, province du Kwilu. A la déclaration de l’état d’urgence, tout son espoir était réduit à une seule option : retourner dans son village, et attendre .

A la tête de l’équipe en mission, Dr Justin Paluku, gynécologue-obstétricien et chirurgien des fistules à l’hôpital HEAL Africa, a révélé l’incapacité de son équipe à voler au secours des femmes de Kwilu en ces mots : « Mon équipe devait faire escale à Kinshasa avant de poursuivre vers Yasa-Bonga. Cela n’était plus possible avant la déclaration de la fin de l’état d’urgence » .

Face au désespoir franc des patientes qui attendaient déjà, Dr Papy KITIMINI LONGONGO, Médecin Directeur de l’HGR AMV de Yasa-Bonga dépeint la scène qui a fait suite à l’annonciation de la fatidique nouvelle comme un tableau qui a failli couter des larmes aux soignants face à l’abattement des femmes porteuses de fistules » .


Une pauvreté globale qui enfonce les femmes dans les tourments


La population de la zone de santé de Yasa-Bonga vit principalement de l’agriculture. La vétusté des infrastructures routières qui relient les villages à la Route Nationale no 1, qui traverse la ZS, rend l’évacuation des produits maraichers encore moins commode. Aussi, le déplacement des femmes vers les structures de santé pour soins appropriés n’est pas évident.

Dr Papy KITIMINI explique, « ne pouvant pas payer les frais de voyage vers les hôpitaux pour prise en charge, les femmes se retrouvent parfois dans des situation d’un accouchement imminent, en domicile. Cela crée des complications qui résultent, pour la plupart des cas, dans des fistules obstétricales » .

L’absence de spécialistes dans le traitement des fistules en province de Kwilu garde les femmes dans la résignation comme unique issue face à leur pathologie. L’hôpital sert une population en majorité pauvre. « Nous référons à Kinshasa, Hôpital Maman Yemo, les femmes qui nous arrivent avec des fistules. Handicapées par les moyens, elles ne parviennent pas à atteindre Kinshasa, et ne peuvent donc que porter le poids de leurs pathologies. L’arrivée de l’équipe de HEAL Africa est providentielle pour notre région » , renchérit Dr Papy.

C’est avec l’appui de Fistula Foundation, partenaire de HEAL Africa dans la réparation des fistules en RD Congo, que la tenue de la campagne a été effective à Yasa-Bonga, province de Kwilu.